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Covid, les relances de la croissance (+0,7%) ne sauvent pas la voiture (-24,3%)

Les plans lancés avec la phase II devraient stimuler l'économie sur la période biennale 2021-22 de +2,4% en France, +2% en Allemagne et +0,7% en Italie. Les importations italiennes devraient augmenter de 0,7 % (12 milliards) et les exportations de 0,8 % (13 milliards) : la production 2020 de véhicules automobiles affectée par le choc d'offre (-150 mille unités) souffre.

Covid, les relances de la croissance (+0,7%) ne sauvent pas la voiture (-24,3%)

Les plans de relance budgétaire sans précédent lancés par les gouvernements européens cet été (Phase II pour relancer les moteurs de la croissance après les programmes d'urgence de Phase I) devraient permettre de relancer la croissance économique de +2,4 % en France, +2 % en Allemagne et +0,7 % en Italie dans les deux -période 2021-22. Comme le rapporte la récente étude Allianz pour Eurler Hermas, en France le plan de relance de 100 milliards d'euros (4,3% du PIB) vise à réaliser la transition verte (30 milliards), à favoriser la compétitivité industrielle (35 milliards) et à sauvegarder la cohésion sociale (35 milliards) par le biais des transferts et des ajustements du marché du travail. Par rapport au plan de relance allemand essentiellement axé sur la demande (3,8 % du PIB), le plan de relance français vise à stimuler l'offre de l'économie : l'objectif du gouvernement français est de relancer le moteur de production national, en revitalisant les industries traditionnelles telles que l'industrie automobile. , s'attaquant aux rigidités structurelles de longue date de l'économie.

Cependant, Paris reste encore fortement dépendante des importations, tant en termes de consommation que d'investissement. Par conséquent, le revers de cette relance budgétaire sera probablement l'élargissement du déficit commercial déjà important. En effet, en stimulant la demande intérieure, les plans de relance gouvernementaux augmentent naturellement la demande d'importations, au profit des partenaires commerciaux : parmi les principales économies européennes, les analystes s'attendent à ce que la France subisse la plus grande perte depuis la relance budgétaire, entraînant une détérioration structurelle du déficit commercial de -12 milliards nets en 2021-22. Le tableau est radicalement différent en Allemagne, où une légère baisse de -3 milliards de l'excédent commercial est estimée, alors qu'en Italie l'excédent augmenterait de 1 milliard. Le déficit budgétaire de la France s'élevait déjà à -2,1 % du PIB (43,1 milliards) au deuxième trimestre de cette année et, comme la moitié du paquet budgétaire devrait stimuler l'investissement, en 2021-22, cela augmenterait les importations françaises de 1,8 % (42 milliards ), avec des exportations de seulement 1,3 % (30 milliards).

Comment cela se compare-t-il à la crise financière mondiale de 2009 ? La relance pour 2020 est plus élevée en part du PIB que celle de 2009 (26 milliards soit 1,3% du PIB) en raison de la baisse sans précédent des prévisions (-10,8%). Par conséquent, les analystes s'attendent à ce que ces mesures stimulent les importations quatre fois plus qu'elles ne l'ont fait en 2009. Cependant, au-delà de la relance, la crise de la pandémie de Covid-19 a créé des perturbations durables de la chaîne d'approvisionnement, ce qui la rend difficilement comparable à celle de 2009. Dans le Dans le scénario actuel, le commerce mondial ne retrouverait ses niveaux d'avant-crise qu'en 2022, car la reprise des exportations ne serait pas aussi forte qu'en 2010-11. De plus, les économies orientées vers les services, comme Paris, ont tendance à souffrir davantage de la crise, ce qui rend difficile la compensation de la détérioration des échanges de biens.

Quels pays et secteurs pourraient alors surfer sur la vague de relance française ? La chimie allemande (900 M€), l'informatique et les télécommunications chinoises (890 M€) et les constructeurs automobiles allemands (775 M€) pourraient bénéficier le plus de la poussée des importations françaises. Dans ce scénario, l'Allemagne, principal partenaire commercial (6,1 milliards d'euros), suivie de la Chine (3,9 milliards), de l'Italie (3,1 milliards), des États-Unis et de la Belgique (2,8 milliards chacun). Les secteurs qui profiteraient le plus des importations françaises stimulées seraient l'énergie (5 milliards), la chimie (4,3 milliards) et l'agroalimentaire (4,1 milliards).

Et Berlin ? En Allemagne, la dégradation du solde commercial sera plus limitée. L'élasticité des importations sur la croissance du PIB est plus faible (2,1 %) qu'en France (3,1 %) : ainsi la relance allemande de 3,8 % du PIB augmenterait à la fois les importations et les exportations de 1,3 % (respectivement 43 milliards et 40 milliards). La dégradation globale de la balance commerciale sera faible (-3 mrds) : ces importations profiteront davantage à l'économie nationale, reflétant la part importante du secteur manufacturier (19 % contre 10 % en France) qui utilise des intrants importés dans le processus de fabrication.

Pour l'Italie, malgré les fortes élasticités commerciales aux stimuli, les analystes prévoient un impact global modéré sur la balance commerciale, compte tenu de la taille relativement modeste du paquet annoncé (1,5 % du PIB). Les importations italiennes augmenteraient de 0,7 % (12 milliards) et les exportations de 0,8 % (13 milliards) en 2021-2022. Dans ce contexte, selon une étude publiée par l'ANFIA, l'Association Nationale de l'Industrie Automobile, en 2019 le secteur automobile (y compris moteurs, carrosseries, remorques, composants et pièces de véhicules automobiles) a enregistré un ralentissement de ses ventes de -9,6 % par rapport à l'année précédente. Concrètement, les différents secteurs ont enregistré les performances suivantes : -13,9% pour la fabrication de véhicules automobiles, +6,7% pour la fabrication de carrosseries et -7,9% pour la fabrication de pièces et accessoires pour véhicules automobiles et moteurs. De manière générale, l'étude montre que la tendance négative des différents secteurs dure depuis longtemps, dépassant 12 mois de baisse tendancielle continue. En moyenne, les commandes en 2019 ont enregistré un ralentissement de -9,9%, tandis que le chiffre d'affaires global du secteur a chuté de -7,8%. Ce ralentissement est davantage à imputer aux baisses enregistrées par le marché domestique, qui a perdu en 2019 -13% de commandes et -11,7% de chiffre d'affaires généré.

Au cours des trois premiers mois de 2020, en raison de la fermeture des activités de production suite aux mesures visant à contenir la propagation du Covid-19, le secteur le plus touché a été le secteur industriel, avec un ralentissement progressif qui a conduit globalement à un -11,3 % du premier trimestre 2020. En effet, pendant la période de confinement, près des deux tiers des entreprises industrielles et plus de 59% des salariés ont été contraints d'interrompre l'activité de production, y compris les concessions automobiles, provoquant ainsi l'effondrement des trois premiers mois de l'année. Le secteur automobile est en effet parmi les secteurs qui contribuent le plus à la profonde baisse de la production de l'ensemble du secteur industriel italien, avec un ralentissement des performances de -2% en janvier, -1,2% en février et -55,8% en mars, globalement -21,6% sur un an. Du côté des commandes, on notait déjà une baisse de -7,2% en février, plus marquée à l'étranger avec un ralentissement de -7,8%, en raison des premiers effets de la pandémie.

Selon l'étude ANFIA, au premier trimestre la production nationale de véhicules automobiles a subi un ralentissement en termes de volumes égal à -24,3%. En effet, depuis le début de l'année, un total de 180.367 véhicules automobiles ont été produits, dont 116.250 destinés aux marchés étrangers, -24,5% par rapport à la même période de 2019. Pour les quatre premiers mois de 2020, la perte de le secteur automobile est estimé égal à 150 mille unités de moins, alors que les projections sur une éventuelle reprise à partir du mois de mai sont particulièrement lentes et qu'on parle d'une reprise à partir du second semestre 2020. Le choc du côté de l'offre aussi pèse sur le secteur : en Italie et sur les grands marchés européens comme la France et l'Allemagne, le stock de véhicules accumulé pendant les mois de quarantaine combiné au redémarrage très lent du marché ralentissent encore le redémarrage de la production.

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