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Les commissaires européens dans le collimateur du Parlement européen

Les auditions des nouveaux commissaires devant les commissions parlementaires dureront du lundi prochain au mardi de la semaine suivante – Même si les accords négociés par le président de la Commission Juncker paraissent solides, une surprise n'est pas à exclure : certains commissaires pourraient être en danger, Federica Mogherini est non.

Les commissaires européens dans le collimateur du Parlement européen

Ce sera une semaine de passion que s'apprêtent à passer les nouveaux commissaires européens nommés par les États membres de l'Union. Une semaine marquée par l'examen minutieux auquel ils seront soumis un à un par les commissions parlementaires en vue du vote que l'Assemblée de Strasbourg portera sur l'ensemble du nouvel exécutif européen lors de la prochaine session plénière prévue fin octobre . Un vote qui devra être validé dans la foulée par le sceau du Conseil européen à la majorité qualifiée.

Une semaine - celle-ci qui ouvre le lundi 29 septembre et qui aura une courte file d'attente le lundi 6 octobre après-midi et le mardi 7 au matin - qui sera assurément exigeante pour l'ensemble des 27 commissaires en examen. Épreuve à laquelle le chrétien-démocrate Jean-Claude Juncker, ex-premier ministre luxembourgeois, qui l'avait déjà passé le 15 juillet, lorsque lors de la session plénière du Parlement européen à Strasbourg, a été élu président de l'exécutif de Bruxelles, n'aura pas à soumettre au scrutin secret.

Ces 27 autres commissaires, en revanche, à partir de lundi prochain, devront passer le gant de l'audition au sein de la commission parlementaire chargée du dossier. Commission qui, selon le règlement, est appelée à évaluer les compétences générales du commissaire désigné (ou du commissaire, l'un des neuf appelés à rejoindre la nouvelle Commission), son engagement européen, son indépendance personnelle, la connaissance du portefeuille confié pour lui et ses capacités de communication.

Les membres de la commission parlementaire (ou des commissions dans les cas où la compétence du commissaire mis en cause s'étend à plus d'un secteur), quelques jours avant la date fixée pour l'audition, adressent cinq questions écrites au candidat. Parmi celles-ci, deux sont communes à tous : la première sur la compétence générale, l'engagement européen et l'indépendance personnelle ; l'autre sur la gestion du portefeuille et la coopération avec le Parlement. A ces deux questions, les membres de la commission en question en ajoutent trois autres. Au préalable, le commissaire désigné dispose de 15 minutes pour un court rapport introductif, puis il répondra aux questions. Et enfin, il pourra faire une courte déclaration de conclusion.

Au total, chaque audition doit durer 3 heures. Pour cette raison, il y aura au maximum six auditions en l'espace d'une journée : deux commissions travailleront en parallèle de 9h à 12h, deux autres de 13,30h16,30 à 18h21 et deux autres de XNUMXh à XNUMXh. Les auditions seront toutes public, à l'issue de chacune les députés de chaque commission parlementaire se réuniront, en l'occurrence à huis clos, pour dresser un bilan de l'épreuve pour chaque commissaire désigné. Ces évaluations seront transmises au président du Parlement européen et aux présidents des commissions parlementaires qui les transmettront à la conférence des présidents des groupes parlementaires.

Une fois cette phase de la procédure terminée, ce sera au tour du Parlement en plénière, le 22 octobre, de voter par appel nominal pour accepter ou rejeter la Commission dans son ensemble. Si le total des "oui" dépasse celui des "non", il appartiendra au Conseil (et donc aux Etats membres) de décréter l'approbation formelle de la Commission qui entrera en fonction le XNUMXer novembre.

Une procédure complexe, celle-ci vient d'être illustrée; et évidemment exigeant tant pour les commissaires désignés que pour les membres des commissions parlementaires appelées à les juger. Sur les noms des nouveaux commissaires, une solide majorité s'est coagulée tant parmi les groupes parlementaires (et ici l'accord apparaît blindé) que parmi les États membres (et aussi à cet égard l'accord trouvé par ce vieux renard de l'art de la médiation qui è Jean-Claude Juncker devrait assurer une conclusion en douceur).

Et pourtant… En réalité, aujourd'hui, personne ne peut garantir que tout se passera bien. Et que des imprévus improbables mais pas impossibles peuvent remettre en cause un scénario déjà parfaitement défini. Comme dans toute négociation qui se respecte, même dans celle qui a donné naissance à la liste des commissaires désignés et à l'attribution des tâches, il était inévitable (pour Juncker, bien sûr) de mettre en commun des positions, des besoins et des demandes à première vue inconciliables . Avec pour conséquence qu'un commissaire (ou un commissaire) pourrait recevoir une évaluation peu enthousiaste de la part de la commission parlementaire. En raison de sa propre incapacité objective par rapport au portefeuille qu'il devrait gérer ; ou plus simplement, par exemple, en raison de la difficulté à répondre aux questions embarrassantes d'un député « peon » non lié à un consortium.

Difficile? Peut-être. Impossible? Personne ne peut l'exclure. Pas même le Parlement de Strasbourg lui-même. Qu'importe de nous rappeler (merci !) ce qui s'est passé en février 2010, lorsque la Commission a été élue cinq mois après l'expiration de la précédente suite au retard dans l'approbation du traité de Lisbonne. A cette occasion, après une très faible audition de la candidate bulgare Rumiana Jeleva, le président Barroso l'a invitée à se retirer et a demandé un candidat alternatif au gouvernement de Sofia. Qui s'est empressé de rappeler l'économiste Kristalina Georgieva de Washington, où elle occupait le poste de vice-présidente de la Banque mondiale, pour l'envoyer en hâte à Bruxelles ; où, d'ailleurs, ces dernières années, il a été apprécié et se confirme désormais, en passant au poste de vice-président, dans l'équipe de Juncker.

C'était encore pire cinq ans plus tôt, alors même que le président Barroso. Ce qui a entraîné le retrait de notre Rocco Buttiglione, pénalisé par une réponse sincère (voire trop, et donc peut-être naïve, à une question provocatrice) et la Lettone Ingrida Udre, remplacée respectivement par Franco Frattini et Andris Piebalgs, et changée de portefeuille chez la Hongroise Laszlo Kovacs.

En revenant à aujourd'hui, certains commissaires désignés pourraient rencontrer des obstacles pour des raisons d'incompatibilité ou d'opportunité, en partie amplifiées par des indiscrétions journalistiques. Au sujet d'éventuelles incompatibilités, il y a l'Anglais Jonathan Hill, ancien lobbyiste de la City de Londres qui s'est vu confier le portefeuille de la Stabilité financière, des Services financiers et de l'Union des marchés de capitaux : « J'espère que les amis britanniques comprendront désormais la La logique européenne des services financiers est un peu meilleure s'ils la lui expliquent dans la langue de Shakespeare », explique Juncker. Quelqu'un d'autre a dit que confier le travail à Hill était un peu comme mettre un renard sur ses gardes dans un poulailler…

Ensuite, il y a l'Espagnol Miguel Arias Canete, commissaire désigné à l'action pour le climat et à l'énergie, président de deux compagnies pétrolières, pas du tout agréable aux écologistes. Il y a le maltais Karmenu Vella, commissaire à l'environnement et aux politiques maritimes, ancien directeur d'une grande société de paris. Et il y a le Hongrois Tibor Navracsics, ministre des Affaires étrangères du Premier ministre Viktor Orban et auteur de la loi qui a mis fin à la liberté de la presse en Hongrie.

Enfin deux commissaires. L'une est la Roumaine Corina Cretu, commissaire à la politique régionale, une belle dame accusée d'avoir été utilisée par les services secrets de Ceausescu pour séduire des hommes politiques occidentaux et ainsi pouvoir prendre connaissance d'informations hautement confidentielles. Des circonstances qu'elle a toujours niées très fermement. L'autre est la Slovène Alenka Bratusek, la première femme Premier ministre de son pays jusqu'au printemps dernier, une brune si fascinante que Google lui a consacré une sorte de livre plein de photos et de vidéos au titre sans équivoque "Les jambes de Bratusek". 

Démissionnaire de son poste de Premier ministre après la défaite de son parti aux élections, elle était restée en poste pour l'administration ordinaire en attendant un remplaçant. Brève attente pendant laquelle Bratusek, dans l'exercice de son rôle de Premier ministre, lui a donné le sien en réponse à la demande de Juncker de proposer un nom de candidat à la nouvelle Commission. Désormais, sauf surprise lors de l'audition, il est désormais vice-président de la Commission pour l'union de l'énergie.

Pas de surprise à l'horizon en revanche pour Federica Mogherini, que Juncker a qualifiée d'"ultra-compétente". Notre actuel ministre des Affaires étrangères a fait savoir qu'il resterait à la Farnesina jusqu'à fin octobre. Il se rendra évidemment à Bruxelles pour l'audition fixée au soir du 8 octobre. Puis, le XNUMXer novembre, il prendra ses nouvelles fonctions au Berlaymont en tant qu'autre représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de l'UE et en tant que vice-président de la Commission européenne.

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