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BEI : prêts à l'Italie pour 10,9 milliards

Présentant le budget 2014, le patron de la Banque européenne d'investissement a souligné avoir atteint l'objectif de mobiliser 180 milliards d'euros d'investissements supplémentaires suite à l'augmentation de capital de 10 milliards en 2013 : la capacité de prêt de la BEI a augmenté de 40 % entre 2012 et 2013.

BEI : prêts à l'Italie pour 10,9 milliards

« La Banque européenne d'investissement continue d'intensifier sa réponse à la crise. Ses prêts bonifiés ont contribué à la défense de millions d'emplois et à la construction de liaisons de transport, de connexions numériques, de réseaux d'électricité et d'eau, d'écoles, d'hôpitaux, de logements sociaux. Ils ont favorisé la croissance de la production d'énergies renouvelables et ont permis aux petites et moyennes entreprises d'investir et de rester compétitives". Celui dressé hier à Bruxelles par son président, l'Allemand Werner Hoyer, est un bilan résolument positif de l'activité menée par la BEI depuis le déclenchement de cette interminable crise économique et financière mondiale. Selon lui, "le soutien financier et l'expertise technique de la banque de l'UE (dont les actionnaires sont les 28 États membres de l'UE ainsi que la Commission européenne elle-même - ndlr) ont été déterminants dans la mise en œuvre de centaines de projets, y compris ceux, sans cette soutien, elles auraient été reportées ou n'auraient jamais vu le jour ». En 2014, l'Italie a reçu 10,9 milliards de prêts, un chiffre juste après celui collecté par l'Espagne.

La BEI a passé la vitesse supérieure en 2013 suite à l'injection de 10 milliards d'euros supplémentaires par les États membres dans le capital libéré de "leur" banque dans le but d'augmenter de 40% le total annuel des prêts accordés et de maintenir le niveau ainsi atteint tout au long de 2015. En chiffres, cet objectif correspondait à 180 milliards de prêts de la BEI à l'économie européenne à la fin de cette année. "La banque atteindra cet objectif en mars, avec neuf mois d'avance", a précisé hier Werner Hoyer.

Le président de la BEI a également précisé que ce résultat a également été obtenu grâce au maintien du montant annuel des prêts signés en 2014 avec des sujets européens, qui s'élevait à 69 milliards (soit 90% de l'activité totale de la BEI dans le monde ). Un chiffre auquel il faut ajouter encore 3,3 milliards du FEI (Fonds européen d'investissement, qui fait partie à 100% du groupe BEI) qui a permis d'activer 14 milliards pour faciliter l'accès au financement des petites et moyennes entreprises européennes.

Le soutien aux petites et moyennes entreprises, comme le soulignait alors Hoyer, "constitue toujours le secteur stratégique en première position (25,5 milliards) parmi ceux soutenus par la banque". Après les PME, les autres principales destinations des prêts de la Banque européenne d'investissement étaient les infrastructures stratégiques (20,6 milliards), l'action pour le climat (19,1 milliards), l'innovation et les compétences (14,7 milliards). Par ailleurs, le soutien du commerce avec les pays tiers, la croissance de l'emploi des jeunes revêtent une importance croissante pour la BEI (le FEI a lancé il y a quelques jours une initiative, pour un total de trois milliards, de prêts aux étudiants en master dans un autre pays dans le cadre du programme Erasmus+), et des projets de recherche à fort contenu d'innovation et donc à risque financier accru.

Ces orientations ont émergé, ou se sont renforcées, au cours des dernières années, parallèlement au développement d'une relation de plus en plus intégrée entre la BEI et la Commission européenne. Un rapport qui, comme le rappelait hier Hoyer, a orienté son activité « selon un nouveau paradigme qui, compte tenu des ressources publiques limitées disponibles aujourd'hui, vise à abandonner progressivement les subventions non remboursables pour privilégier les prêts et garanties capables de mobiliser des capitaux privés » .

La relation étroite entre les deux institutions européennes, qui s'est renforcée au fil du temps et a vu la participation du président de la banque à plusieurs reprises au Conseil européen, s'est encore renforcée il y a trois mois avec l'arrivée de Jean-Claude Juncker au Palazzo Berlaymont. Qui a proposé à Werner Hoyer (une proposition formellement acceptée il y a quelques jours par le conseil des gouverneurs de la BEI) la création conjointe d'un Fonds européen pour les investissements stratégiques (EFSI, qui est différent du FEI). Comme on le sait, 16 milliards du budget septennal de l'UE et 5 milliards de la BEI seront initialement alloués au nouvel organisme, mais le volume de ses ressources devra être complété par des contributions volontaires des États membres de l'UE et par des investissements du public et selon les attentes de Juncker, atteignant le chiffre impressionnant de 315 milliards.

Ce chiffre correspondra à l'attente selon laquelle chaque euro de capital de l'EFSI générera 15 euros. Un ratio élevé, bien sûr, et pas facile à concrétiser. Mais c'est précisément le cœur du grand pari de Juncker. Ce qui compte beaucoup, et à juste titre, sur l'attractivité que la marque BEI peut susciter chez les investisseurs potentiels. D'une banque à moyen-long terme que les agences de notation classent depuis des années en triple A, et qui offre donc le maximum de garanties pour le capital de ceux qui investissent.

Peut-on alors prédire que Jean-Claude Juncker, avec la participation active de la BEI, remportera son gros pari, qui est essentiellement le gros pari sur l'avenir de l'Union européenne ? Le président de la Commission de Bruxelles y compte. Un demi-milliard d'Européens l'espèrent sincèrement.

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