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Voitures, choc : en 2020 l'effondrement pourrait atteindre -25%

En mars, les exportations italiennes ont ressenti les premiers effets massifs de la pandémie : -16,8 %. Globalement, le secteur automobile a connu une baisse importante de sa capitalisation boursière : -15% pour les constructeurs et -20% pour les équipementiers.

Voitures, choc : en 2020 l'effondrement pourrait atteindre -25%

Le SACE rapporte qu'en mars dernier les exportations italiennes ont enregistré une forte contraction (-16,8%) par rapport à février, subissant les effets de la pandémie. Même sur l'ensemble du trimestre janvier-mars, le signe est négatif (-4,1%) par rapport aux trois mois précédents ; en mars, la valeur des exportations a diminué de 13,5 % sur un an en raison des volumes. L'impact du Coronavirus et des confinements qui en découlent dans diverses zones géographiques est désormais clairement visible, notamment en Chine (-15 % par rapport à mars 2019) et en Inde (-22,7 %), mais aussi dans certains pays européens comme l'Espagne (-19,8 . 18,3 %) et la France (-XNUMX %). Le chiffre tendanciel des trois premiers mois est fortement influencé par la baisse des ventes transfrontalières de la construction mécanique, de l'automobile et de la maroquinerie. Au lieu de cela, la tendance positive de pharmacie et de la nourriture et des boissons.  

La demande des pays de l'UE est redevenue négative, montrant les premiers effets de la pandémie. La croissance s'est poursuivie au premier trimestre en Belgique (+13%), aux Pays-Bas (+6,5%) et en Pologne (+4,5%), tandis qu'en Espagne (-7,7%), en Autriche (-4,3%) et en Roumanie (-5,4 %) prend le plus gros coup. La zone hors UE entre en territoire négatif, à quelques exceptions près dont le Japon (+10,3%) et les USA (+10,8%), troisième marché de débouchés, tiré par les moyens de transport (+27,8%), notamment dans la construction navale, la pharmacie (+44,2%) et aliments et boissons (+12,5 %). La demande de ces deux derniers (+52,9% et +17,2% respectivement) soutient la performance également en Pologne. En contraction, après la croissance des deux premiers mois, la Suisse (-3.3%), les pays de l'OPEP (-1,2%) et l'ASEAN (-5,3%). 

Parmi les principaux regroupements d'industries, ce sont les biens de consommation qui affichent la dynamique la plus favorable, restant en territoire positif grâce aux biens non durables (+5,1 %). En revanche, on note une baisse des exportations de biens de consommation durables (-6,6%), confirmant que la crise a immédiatement eu un impact sur les consommations moins essentielles. Les ventes transfrontalières de biens d'équipement sont mauvaises (-7,2 %), qui se redressent après les bonnes performances enregistrées au cours des deux premiers mois de l'année. Les exportations de biens intermédiaires sont également en baisse (-2,3%), qui commencent à ressentir les effets des différents blocs de production et des perturbations qui en résultent dans certaines chaînes de valeur mondiales. La performance de l'alimentation et boissons (+12,3%) est très positive et généralisée à toutes les zones géographiques, à l'exception du Royaume-Uni. En revanche, la performance de la mécanique instrumentale (-9,3 %), qui a particulièrement souffert de la suspension des activités de production, a été en sens inverse. 

À l'échelle mondiale, le secteur automobile a connu une baisse importante de sa capitalisation marché, avec une baisse de plus de -15% pour les constructeurs automobiles et de -20% pour les équipementiers, pour les six semaines suivant le début de l'épidémie. Le choc lié au Covid-19 représente un vent contraire majeur pour le secteur, qui subit la pression de la baisse des marchés et la nécessité de des investissements massifs dans les véhicules électriques et les services de mobilité. De plus, les petits détaillants et les grossistes indépendants sont les plus exposés, même si le choc devait être temporaire. D'après elle Etude ISPI, en avril dernier, premier mois de confinement total dans la plupart des pays européens, les immatriculations de voitures neuves en Europe ont diminué de 76 % par rapport à l'année précédente, avec des pics à -98 % en Espagne, -97,5 % au Royaume-Uni, -96,5 % en Italie et -89% en France.

Un sérieux problème pour un secteur qui emploie 6% de la main-d'œuvre européenne et contribue à hauteur de 7% au PIB du Vieux Continent et à 12% de ses exportations totales. Global, au cours des quatre premiers mois de 2020, l'effondrement enregistré est égal à -38%. Avec la sortie de Pékin du confinement en mars et de la région de Wuhan dans les premiers jours d'avril, les achats et importations de voitures allemandes ont nettement augmenté, contrebalançant l'effondrement des marchés européen et américain : les immatriculations en avril ont augmenté de 4,4 % par rapport à par rapport à l'année précédente, bien que portées par le fort bond des ventes de véhicules utilitaires (+32%), alors qu'elles restent faibles sur le segment automobile (-2,6%). 

La propagation de Covid-19 en dehors de la Chine, avec les blocages associés en Europe et aux États-Unis, est une menace sérieuse, principalement parce que représentent le deuxième et le troisième plus grand marché (avec une part de 23% et 19%, respectivement) et des centres de production (24% et 12%, respectivement), soit 2/3 du marché mondial avec Pékin. Au niveau mondial, une forte baisse est attendue cette année, entre -10% et -15%, les analystes n'excluant pas un -25% en cas de crise prolongée. Historiquement, les industries automobiles réagissent fortement et négativement aux ralentissements économiques et obligent souvent les autorités à mettre en place des mesures de soutien pour limiter leur impact social. Aux USA, bien que les chiffres ne soient pas encore définitifs, la baisse des ventes en avril est estimée à environ -45-50%.

En Amérique du Sud, la situation n'est pas meilleure : au Brésil, les ventes en avril ont diminué de 75,9 %. De plus, la production de la région est pratiquement tombée à zéro : tant au Brésil qu'au Mexique, la construction de voitures a enregistré un drastique -99 % en avril par rapport au même mois de l'année précédente. L'industrie automobile est fortement exposée à la Chine, le plus grand marché automobile et plaque tournante de la fabrication automobile au monde : elle représente environ 30 % du total pour les deux indicateurs, avec plus de 25 millions de véhicules neufs par an. L'impact est principalement important pour les détaillants et les grossistes locaux et fait suite à deux années consécutives de baisse du volume de nouvelles immatriculations.

Euler Hermes souligne qu'en fait, l'offre est durement touchée puisque Wuhan, épicentre de l'épidémie de Covid-19, représente non seulement 10 % des véhicules produits localement, mais rassemble également des centaines de fournisseurs de composants, qui tournent aux opérateurs locaux et exporter vers le reste du monde. La fermeture prolongée des usines les risques de pénuries et de perturbations de la chaîne d'approvisionnement mondiale augmentent : les marchés les plus dépendants des importations chinoises se situent principalement en Extrême-Orient (13 % en moyenne) et en Amérique latine (9 %). 

Face à cette situation inédite, les initiatives en faveur du secteur se multiplient à travers le monde. Cependant, le retard dans l'adoption des plans nationaux pourrait être dû à la possibilité d'une intervention massive de l'UE en soutien au secteur automobile, dans une logique de reconversion industrielle. La Commission diffuse en effet un projet de plan de 100 milliards d'euros en faveur de l'industrie automobile, afin de promouvoir des transports plus verts, notamment grâce aux voitures électriques.

C'est précisément à ces derniers qu'entre 40 et 60 milliards d'investissements du paquet total devraient être destinés, puisque la pollution du trafic automobile est responsable de 75% des émissions générées par le secteur des transports. Un plan ambitieux qui, s'il est coordonné avec l'adoption de la Pacte vert européen, favoriserait une révolution économique sans précédent capable d'assurer une transition industrielle vers un modèle d'économie plus durable, des infrastructures et des transports compatibles avec l'environnement. 

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