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Art à Paris : rendez-vous 2021 avec Dufy, Magritte, Signac et l'Anciem Régime

Art à Paris : rendez-vous 2021 avec Dufy, Magritte, Signac et l'Anciem Régime

Paris ressemble aujourd'hui à une ville endormie avec des coins silencieux, des cafés qui ne s'ouvrent pas aux clients, des rues désertes, des boutiques vides, des galeries et des musées sans lumières. Certains fleuristes donnent la beauté d'un sourire en plaçant les seaux remplis de roses, de tulipes et de décorations de Noël dans leur espace extérieur, même si ce n'est jamais Noël.

Marcher dans Montmartre nous aide à nous immerger dans l'espoir que 2021 nous ramènera à la normale avec une nouvelle maturité pour être meilleurs et ainsi pouvoir apprécier la vie avec humilité et un plus grand respect de tout ce qui nous entoure. Et ce sera précisément l'art, qui nous a été enlevé pendant cette période, qui jouera un rôle important dans la reprise post-pandémique, car sa beauté naturelle restera toujours immuable dans le temps.

Certaines expositions ont été "programmées" pour le printemps, ce que je tiens à signaler. Du 5 mars au 12 septembre, nous avons pu visiter une exposition de Raoul Dufy au Musée Montmartre, dessinateur, décorateur et designer tour à tour de tissus et de mobilier, mais surtout auteur d'une œuvre éclectique, pleine de vie et d'imagination. L'exposition retrace les pas de ce jeune artiste normand qui, après être descendu du train à la gare Saint-Lazare, découvre la capitale du début du XXe siècle et, du haut de la butte Montmartre, le panorama parisien dont le paysage se hérisse avec les monuments ils ne le quitteront qu'à sa mort. L'exposition se concentre sur la particularité de sa manière de représenter la ville et rassemble les œuvres parisiennes de Dufy. Il rend hommage à cet artiste qui occupait l'un des ateliers du 12 rue Cortot – où se trouve aujourd'hui le musée de Montmartre. Dès 1911 il ouvre son atelier à deux pas du musée au 5 impasse de Guelma, qui restera son point d'ancrage à Paris tout au long de sa vie.

Les musées d'Orsay et de l'Orangerie organisent une exposition consacrée à "La période Renoir" de René Magritte, du 10 février au 21 juin 2021. Ce sera la première exposition à montrer en entier un chapitre de l'oeuvre de Magritte encore largement méconnu, elle permet de confronter les oeuvres de Magritte à celles d'Auguste Renoir dont il s'inspire.
Convaincu que la défaite des troupes allemandes à Stalingrad annonce la défaite définitive de l'Allemagne nazie et la fin imminente de la guerre mondiale, Magritte se voit en prophète du bonheur et de la paix retrouvée : "... le côté positif de la vie serait le domaine que j'aurais exploré. J'entends par là tout l'attirail traditionnel des choses charmantes, les femmes, les fleurs, les oiseaux, les arbres, l'humeur du bonheur. Etc… c'est une allure assez puissante qui remplace désormais dans mes tableaux la poésie lancinante à laquelle je m'étais efforcé jadis. écrit Magritte à Paul Éluard en 1941.

Magritte reste fidèle à ce style "solaire" jusqu'en 1947 et réalise une cinquantaine de tableaux, autant de gouaches et un nombre considérable de dessins - illustrant Sade, G. Bataille, Éluard et Lautréamont. Loin de la considérer comme un "passage", Magritte attache suffisamment d'importance à sa "période Renoir" pour en faire la base d'un projet de réforme profonde du surréalisme. A cet effet, en octobre 1946, il adresse à André Breton son « Manifeste pour un surréalisme au soleil ». La fin de l'irrecevabilité qu'André Breton oppose à ce programme de renouveau du surréalisme conduit Magritte à « liquider » la « période Renoir » dans un feu d'artifice provocateur et cynique qui prend la forme, en 1948, de sa « période vache ».

L'exposition rassemble une soixantaine de peintures et une quarantaine de dessins. Il s'ouvre sur quelques œuvres de la fin des années trente dans lesquelles Magritte exprime l'imminence de la guerre et des catastrophes. Les peintures d'époque « Renoir » de Magritte sont comparées aux chefs-d'œuvre de Renoir, aux peintures contemporaines de Picabia et d'autres pièces, notamment de Jeff Koons, qui permettent d'esquisser une postérité de cette production. peu connu.

Le musée Jacquemart-André mettra à l'honneur l'œuvre de Paul Signac (5-19) avec une exposition du 1863 mars au 1935 juin, maître du paysage et principal théoricien du divisionnisme, à travers une soixantaine d'œuvres issues d'une exceptionnelle collection privée. Aux côtés de 25 de ses toiles comme Avant du Tub (1888), Saint-Briac, Les Balises (1890), Saint-Tropez, l'orage (1895), Avignon, matin (1909) ou Juan-les-Pins Soir (1914 ) et une douzaine d'aquarelles, l'exposition présentera plus d'une vingtaine d'œuvres des artistes Camille Pissarro, Maximilen Luce, Théo Van Rysselberghe, Henri-Edmond Cross, Georges Seurat, Louis Hayet, Achille Laugé, Georges Lacombe et Georges Lemmen. L'ensemble de l'exposition suivra un parcours chronologique, des premiers tableaux impressionnistes de Signac peints sous l'influence de Claude Monet aux œuvres aux couleurs vives réalisées par l'artiste au XXe siècle, en passant par sa rencontre avec Georges Seurat en 1884. L'exposition, qui retracer la vie de Signac et son œuvre en décomposition de la couleur, revisitera également l'histoire du néo-impressionnisme. Au début du parcours, les différents acteurs du mouvement néo-impressionniste seront d'abord évoqués par des portraits (Portraits de Georges Seurat (1890), Camille Pissarro (1895), Henri-Edmond Cross (1898) par Maximilien Luce ; Portrait de Maximilien Luce (1890) de Signac ; Autoportrait (1916) de Théo Van Rysselberghe…). Plus tard dans l'exposition, seront alors réunies les toiles de peintres néo-impressionnistes : Camille Pissarro, Louis Hayet, Achille Laugé…etc. et plus particulièrement ceux des plus célèbres d'entre eux : Van Rysselbeghe, Cross et Luce. Le visiteur pourra apprécier les différents aspects du Néo-Impressionnisme, selon l'interprétation de personnalités artistiques très différentes à travers des œuvres telles que Au Café (1887-1888) de Louis Hayet, Briqueterie Delafolie à Eragny (1888) de Camille Pissarro, Le Moulin du Kalf à Knokke (1894) de Théo Van Rysselberghe ou La Mer chapotante (vers 1902-1905) d'Henri-Edmond Cross. Une section importante sera consacrée aux premières œuvres néo-impressionnistes de Signac, puis à la période tropézienne où il choisit de passer l'été de 1892 à 1913. Les œuvres peintes à Paris et en Bretagne contrasteront avec les peintures aux couleurs vives inspirées L'exposition illustrera l'évolution de la technique du peintre qui s'émancipe peu à peu des théories de Seurat pour développer le néo-impressionnisme dans le sens d'une expression picturale toujours plus colorée. Le musée présentera également l'œuvre de Signac au XXe siècle, lorsque l'artiste réalisa de nombreuses aquarelles. Un garde-corps entier d'une dizaine de vantaux leur sera dédié. Une belle collection de peintures du XXe siècle soulignera l'importance du style pictural de Signac, qui joue sur le contraste des couleurs qu'il combine sous forme de petites touches. Artiste novateur, Signac a ouvert la voie à ses contemporains et à une nouvelle génération d'artistes tels que les animaux sauvages, les futuristes et les peintres abstraits.

Du 3 mars au 4 juillet 2021, le musée de Luxembourg accueille une exposition consacrée aux femmes intitulée "Peintres Femmes 1780-1830". On croit volontiers qu'après la gloire d'Elisabeth Vigée Le Brun liée à l'Ancien Régime, il a fallu attendre la seconde moitié du XIXe siècle pour trouver des femmes peintres aussi remarquables. C'est pourtant entre 1780 et 1830 que le combat de ces derniers trouve ses racines : droit à l'instruction, à la professionnalisation, à l'existence publique et à une place sur le marché de l'art. Les femmes artistes présentées au Musée du Luxembourg à l'occasion de cette exposition ont été à la fois les protagonistes de ces changements sociaux et des mutations de l'art du XIXe siècle.

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