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FCA relève ses objectifs financiers, mais reporte son plan pour Alfa

Le groupe FCA a clôturé 2015 au-dessus des attentes mais la mise à jour du plan industriel à 2018 a déçu les opérateurs. Marchionne : « Les volumes ne sont pas importants mais l'atteinte des résultats financiers l'est. Et ils sont tous en hausse." Pour l'avenir, le profit et l'Ebitda sont revus à la hausse, mais la dynamique industrielle est réduite. Pour Alfa Romeo, le plan glisse à 2020

FCA relève ses objectifs financiers, mais reporte son plan pour Alfa

Le plus caustique, comme à son habitude, était Max Warburton, l'un des analystes les plus célèbres du monde de la moto : « Il ne suffit pas – écrit-il dans son rapport pour Bernstein Research – de juger le plan de Marchionne comme ambitieux : parler de Fantasyland serait plus adéquat".

Pourtant, le PDG de FiatChrysler a cette fois évité les paris les plus exigeants : dans le plan à 2018, compte tenu du changement de scénario sur le front de l'économie mondiale, le groupe devra sans doute revoir à la baisse les prévisions de volumes qui restent bien en deçà de l'objectif de 7 millions de pièces. Mais, a ajouté le dirigeant, FCA, qui vend actuellement 4,6 millions de voitures, pourra atteindre les objectifs les plus importants, les financiers, qui incluent un bénéfice net de 5 milliards et une dette industrielle nette proche de zéro. Après tout, a-t-il expliqué en lien avec des analystes et des médias, « parler de l'objectif de sept millions de voitures comme s'il s'agissait de légumes n'a aucun sens. Nous avons présenté un ensemble d'objectifs en mai 2014 et le plan que nous présentons aujourd'hui les voit tous augmenter. D'un point de vue financier, les résultats sont tous à la hausse et c'est ce qui compte ».

Oui, mais le sacrifice sur le plan industriel est lourd : le plan alpha, déjà lancée avec beaucoup d'emphase et l'ambition de défier les géants allemands, luge 2020. C'est la quatrième fois de l'ère Marchionne que la Biscione doit remettre ses rêves de gloire dans le tiroir.

En réalité, après l'appréciation initiale, les marchés ont commencé à vendre généreusement les actions du groupe, pour la première fois examinées par les actionnaires après la fusion entre le groupe turinois et la société basée à Detroit, mais aussi désormais sans Ferrari. Pourquoi cette réaction ? Regardons de plus près le passé, le présent et surtout l'avenir à la veille d'une conjoncture qui s'annonce mouvementée pour les quatre roues, entre innovations technologiques et demandes des régulateurs.

En 2015, le groupe a clôturé avec des revenus de 113,12 milliards, en hausse de 18% par rapport à 2014, avec un Ebit ajusté (qui inclut toujours Ferrari pour être comparable à l'année dernière) à 5,3 milliards. 

Le résultat net ajusté (net des moins-values, charges de restructuration et charges inhabituelles) s'élève à 2 milliards d'euros. Les données sont plus élevées que prévu : le consensus recueilli par Bloomberg estime un chiffre d'affaires de 112 milliards d'euros avec un Ebitda de 9,828 milliards et un bénéfice net ajusté des éléments exceptionnels de 1,241 milliard. 

La dette industrielle nette est tombée à 5 milliards d'euros, contre 7,7 milliards, en raison de la vente de Ferrari mais aussi de l'effet change positif.

Les notes négatives, selon les analystes, arrivent avec 2016. L'entreprise estime des revenus à plus de 110 milliards (contre les 115 milliards du consensus), un Ebit supérieur à 5 milliards d'euros et un bénéfice net de 1,9 milliard qui n'offre pas pour l'instant de visibilité. pour un éventuel dividende avec une dette industrielle nette inférieure à 5 milliards.

Pour l'avenir, donc, une gestion financière astucieuse et prudente se profile mais sans grande impulsion industrielle, à l'exception de l'expansion constante de Jeep, également grâce au démarrage de la nouvelle usine en Chine. Maserati est au point mort, avec des ventes en baisse et des marges divisées par deux à 5% sur les neuf premiers mois de 2015. Le SUV, qui devait entrer en production à Mirafiori, accuse plusieurs mois de retard. Même la nouvelle Alfa Romeo Giulia, présentée en juin, n'est pas encore commercialisée. 

L'arme la plus puissante dans la main de Marchionne reste le marché nord-américain qui représente bien plus de la moitié du chiffre d'affaires total (de 52,4 à 69,9 milliards), mais aussi l'Europe (de 18 à 20,3 milliards) il est satisfaisant. Les notes douloureuses viennent d'Asie (de 6,2 à 4,8 milliards) et d'Amérique latine, ancienne zone forte du Lingotto qui promet en tout cas de renouer avec les bénéfices au second semestre après le rouge de 2015 (85 millions). Un objectif ambitieux si l'on considère la chute violente du marché brésilien. Dans Europa, Moyen-Orient et Afrique, alors qu'ils sont passés de 8,6 à 6,4 milliards en Amérique latine et de 6,2 à 4,8 milliards enAsie-Pacifique.

En résumé, les nouvelles positives ne manquent pas, à commencer par la révision à la hausse de l'Ebitda ajusté (de 8,7 milliards à 9,8 milliards) et du résultat net ajusté (de 4,7 à 5,5 milliards), malgré la sortie de Ferrari. Jusqu'à la réduction en paliers forcés de la dette. Mais les plans de développement du groupe, à commencer par Alfa, ralentissent. Et on ne parle plus d'une fusion avec GM ou autres dans le futur. Bref, ce n'est pas l'heure du Fantasiland, quoi qu'en pense Warburton.  

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