Phygital est un néologisme obtenu à partir de l'union du physique et du numérique. Il n'y a pas de définition univoque, il n'y a pas d'association immédiate à un contenu ou à un événement. Pourtant, il semble clairement identifier le terrain sur lequel la mode évolue en ce moment historique.
Alessadro Sartori, directeur créatif de Zegna, a choisi de présenter la collection à l'intérieur de l'Oasi Zegna, un parc naturel où se trouve le siège de l'entreprise historique Trivero, qui fête cette année ses cent dix ans.
Une présentation à huis clos, qui se déplace physiquement entre les pentes des Alpes Biellaises et les couloirs de la filature de laine. Et numériquement, grâce à une vidéo qui intègre plans traditionnels et effets spéciaux, il crée une nouvelle narration précisément définie comme phygitale par Sartori.
A Milan, Prada a intitulé la dernière collection "le show qui n'a jamais eu lieu". Les looks traditionnels sont présentés à travers un film où les plans alternent avec les photos de Juergen Teller, Willy Vanderperre, Joanna Piotrowska, Martine Syms et Terence Nance.
Offrir une multitude de points de vue pour ce qui se définit comme la première semaine de la mode numérique.
Valentino et Maison Margiela ont présenté les collections de haute couture à travers des vidéos tournées par le célèbre photographe anglais Nick Knight. Les regards traditionnels ont été remplacés par de véritables performances où la réalité physique prend des contours tellement abstraits qu'elle fait prévaloir une dimension numérique.
Autrement, Dior et Jacquemus ont fait leurs propres présentations avec quelques invités chanceux. Dans le premier cas, il s'agit d'une passerelle dessinée par une ligne sinueuse dans les champs de blé, à une heure de Paris. Les invités s'installent dans de petits coins créés parmi les épis de blé, dans le respect total de la distanciation sociale. Cependant, les plans vidéo offrent une restitution par le haut et par le bas, selon des perspectives qui ne concernent pas couramment l'œil de l'observateur.
Même le défilé Dior a été tenu à l'écart des lieux traditionnels, notamment dans les Pouilles, dans le centre historique de Lecce. Une série de vidéos a anticipé le lieu et ses traditions séculaires. Ensuite, des danses et des chansons locales telles que la pizzica et la taranta accompagnent les modèles dans le cadre de la Piazza Duomo. Les lumières caractéristiques, aujourd'hui réinterprétées par l'artiste Marinella Senatore, contrastent avec un lieu semi-déserté. Un lieu qui appartient visuellement à une dimension métaphysique mais qui reproduit numériquement des mouvements et des sons qui appartiennent à une nouvelle dimension, la dimension phygitale.
Ricardo Bianchin. Né à Trévise, il a étudié à l'École Polytechnique de Milan où il est diplômé avec mention en Sciences de l'Architecture. Passionnée depuis toujours par la culture iconographique dans le secteur du design, de la mode et de l'art. Freelance travaillant dans la direction artistique.
