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Commerce Macron : euro fort, obligations faibles, Bourse en hausse

Extrait de "LE ROUGE ET LE NOIR" d'ALESSANDRO FUGNOLI, stratège de Kairos - Sur les marchés "le commerce Macron cède la place au commerce Trump" et pourrait durer 5 ou 6 mois avec des effets sur la monnaie, les obligations et les bourses - Ici sont ceux.

Commerce Macron : euro fort, obligations faibles, Bourse en hausse

Il n'est pas nécessaire d'avoir on ne sait quel âge pour se rappeler des situations où la vieille Europe, dans un sursaut d'orgueil, a senti qu'elle s'écartait positivement de l'Amérique. Ces situations sont historiquement de trois types.

Le premier type était quand il arrivait de noter d'un air suffisant que nous n'avions pas leur gros problème. Des années 2008 jusqu'en XNUMX, par exemple, on a toujours soutenu que les Américains vivaient au-dessus de leurs moyens en accumulant des dettes extérieures alors que nous, Européens moralement supérieurs, maintenions un niveau de vie sobre et une saine autodiscipline, qui était ensuite récompensée par une note, puis par un euro en constante appréciation structurelle face au dollar.

De la même manière, nous nous sommes souvent dit que nous n'avions pas vécu leur comportement pathologiquement risqué lors de bulles boursières ou immobilières car nous n'étions pas gourmands comme eux. Sauf alors à découvrir que, bien que n'ayant pas créé de bulles de la même taille dans notre maison, nous avions pourtant largement contribué au financement de la leur, puis à blâmer l'explosion.

Le deuxième type d'autoglorification opposait le sérieux de nos politiques monétaires au laxisme des leurs. Quand ils sentent le vent de la fin de cycle et d'une récession qui approche Les Américains sont très prompts à baisser les taux et en jetant le dollar vers le bas et en ne se souciant pas du tout de l'inflation, qui en période de récession prend soin d'elle-même. Nous (surtout si les Allemands) regardons beaucoup l'inflation (celle du passé encore plus que celle du futur) et à la fin du cycle, lorsque l'inflation est généralement plus élevée, nous ne baissons pas la garde, mais nous luttons avec même plus de vigueur à l'ennemi qui doit mourir seul.

Et donc nous augmentons les taux en juillet 2008, quelques semaines avant que tout ne s'effondre. Ensuite, nous les relèverons non pas une mais deux fois en 2011 dès que les choses iront mieux. Tout ce temps L'Amérique passe d'un Quantitative Easing à un autre, sous le regard critique et sévère de l'Europe, qui se garde bien de faire de telles choses du tiers-monde. Sauf alors à retomber en récession, c'est nous et non l'Amérique, baissant les taux à la va-vite trois mois après les avoir relevés et adopté le Qe tant détesté avec un tel enthousiasme qu'aujourd'hui, comme la BCE, elle a un bilan encore plus gonflé que celui de la Fed (et dans un an le nôtre sera encore plus gros alors que le leur sera plus petit qu'aujourd'hui).

Le troisième type de discours suffisant que nous tenons ce mois de l'année où il arrive que L'Europe s'en sort mieux en bourse que l'Amérique. Une phase de divergence a commencé, nous nous demandons avec enthousiasme, peut-être est-ce le bon moment pour nous de nous en désengager ? Par le passé, à vrai dire, on n'est jamais allé au-delà de quelques semaines de performances plus brillantes ou moins ternes que les leurs. Cette fois, cependant, cela peut être différent.

Il Commerce Macron il prend en charge l'épuisé Le commerce de Trump. Le trade de Trump, dont le dernier écho est encore audible dans la bourse américaine à un plus haut historique (mais plus dans le dollar ni dans les taux), a duré cinq mois (au cours des deux derniers, seules quelques actions ont augmenté et beaucoup sont tombés). Le commerce Macron pourrait durer autant.

L'Europe a deux facteurs de son côté, le premier politique et le second économique. Au niveau politique on ne s'attend pas à des miracles ou des tournants sensationnels, mais une réforme du travail et quelques coupes dans les dépenses publiques en France, combinées à une relance prudente du processus d'intégration européenne feront en tout cas une grande différence par rapport au passé récent. Ce ne sera pas difficile de faire mieux que Hollande e il ne sera pas difficile de faire plus que Juncker. L'Italie reste, bien sûr, mais en octobre, nous aurons une forme de grande coalition qui maintiendra le pays collé. Bref, ce ne sera pas forcément une vie grisante en Europe, mais ce sera mieux, bien mieux, que l'hibernation qui précède la décomposition à laquelle nous nous étions habitués.

Sur le plan économique, l'Europe profite de des bénéfices dérivant d'avoir abandonné sa recette, l'austérité, et d'avoir adopté, avec deux ou trois ans de retard, la voie américaine. La meilleure performance relative de l'Europe cette année (et probablement la prochaine) ne vient pas de la supériorité de son modèle mais de l'adoption de ce qui a réussi en Amérique. Ceux qui sont en bonne santé ont du mal à être encore plus sains, ceux qui sont malades peuvent au contraire beaucoup s'améliorer s'ils prennent soin d'eux correctement

Les espaces pour le commerce Macron sont bons, mais, tout comme nous l'avons vu avec le commerce Trump lorsque le taux et le dollar entrent en collision avec la bourse à un certain point, l'euro et la bourse se feront concurrence pour savoir qui va saisir la plus grande part est importante, tandis que les obligations de qualité en souffriront, mais pas de façon dramatique.

En tout cas l'euro est sous-évalué par rapport au dollar, l'écart entre Bunds et Treasuries est excessif et une bourse européenne qui capitalise 11 26 milliards est inconciliable avec une bourse américaine qui en capitalise XNUMX. Tout devra se normaliser, avec un euro plus fort, des Bunds plus faibles et une bourse en hausse.

Pour ceux qui sont sur les marchés, le problème sera de comprendre si et quand le scorpion qui avait promis de ne pas mordre la grenouille recommencera à la mordre. Si et quand, c'est-à-dire, la politique budgétaire et monétaire de l'Europe redeviendra européenne, ou plutôt allemande. Si et quand, en d'autres termes, nous entendrons à nouveau parler d'austérité et de troïkas (repeintes par le seul ministre des finances et du MES) au niveau budgétaire, un euro fort au niveau des devises et des taux plus élevés, à la fin du Qe, quand en 2019 Weidmann remplacera Draghi

C'est sur ces terrains que se joueront les mois et années à venir dans les salles feutrées de Berlin, Francfort et Bruxelles. Quasiment rien ne se passera avant septembre. Puis, après la clôture du cycle électoral européen en octobre, nous aurons une première embardée verbale sur les taux et le Qe. En 2018, nous aurons d'abord la réduction puis la fin du Qe. En 2019, nous aurons les premières hausses de taux, avec l'euro déjà autour de 1.20.

En plus d'elle-même dans une version trop allemande, l'Europe devra craindre d'éventuelles mésaventures en Amérique, en Chine ou dans les pays émergents. L'Europe n'a jamais autant exporté qu'aujourd'hui et la vitalité de ses marchés de débouchés est essentielle pour maintenir sa croissance aux niveaux actuels. Le problème est que l'Amérique et la Chine sont dans une phase mature du cycle, même si elle n'est pas encore terminale

L'euro plus fort retirera une partie du polonais des bourses européennes et le distribuera aux autres. Même avec ce handicap, les bourses européennes nous semblent. en tout cas à surpondérer, avec une préférence pour les secteurs les plus déprimés des pays les plus faibles.

Ceux qui sont investis en dollars et ne veulent pas renoncer à la diversification pourront se consoler avec le différentiel de taux d'intérêt qui se réduira lentement et amortira ainsi la baisse du dollar. Ceux qui veulent spéculer sur la hausse de l'euro sans avoir à payer deux points par an de portage négatif peuvent prendre une position courte sur le yen et une position longue sur l'euro.

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