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Léon Monet : la collection du grand frère de Claude exposée à Paris. Avec Renoir, Pissarro et bien d'autres

La collection de Léon Monet, frère de l'artiste Claude, dans une exposition au Musée du Luxembourg à Paris jusqu'au 16 juillet 2023

Léon Monet : la collection du grand frère de Claude exposée à Paris. Avec Renoir, Pissarro et bien d'autres

La collecte de Léon Monet frère de l'artiste et collectionneur arrive au Musée du Luxembourg à Paris. Frère de Claude Monet et son intérêt pour les impressionnistes et pour l'école de Rouen l'ont amené à devenir un partisan et collectionneur de Renoir, Pissarro et bien d'autres artistes.

La renommée de Claude Monet et son rôle de chef de file de l'impressionnisme sont désormais pleinement établis, mais la personnalité de son frère Léon, coloriste, industriel rouennais et collectionneur, reste à découvrir. En 1872 Claude Monet, de retour au Havre, peint Impression, soleil levant (Musée Marmottan Monet), tandis que Léon fonde la Société Industrielle de Rouen et décide de soutenir activement son frère et ses amis impressionnistes. Ce sont les premiers dans la constitution d'une importante collection de peintures impressionnistes.

Léon Monet à Rouen

Reconnu pour son "intelligence vive et vive" et pour son caractère "cordial et franc", Léon Monet est devenu une personne respectée, très impliquée dans les nombreuses associations culturelles qui composent la ville de Rouen. Il encourage Monet et ses amis impressionnistes à participer à la 23e exposition municipale, où il expose lui-même quatre œuvres de sa collection. Grâce à son intérêt constant pour les artistes de sa génération, les impressionnistes et les peintres de l'école de Rouen, il réunit – avec le collection de son ami François Depeaux – une des plus remarquables collections d'art moderne de la région rouennaise.

L'exposition rassemble un certain nombre d'œuvres importantes, autour d'un parcours mis en lumière par Léon Monet pour des oeuvres qui évoquent les paysages de son enfance passée au Havre mais aussi son évolution professionnelle et familiale entre Rouen et les Petites-Dalles sur la côte normande. Il met en lumière la personnalité de ce collectionneur, ses privilèges privilégiés avec son frère Claude et avec certains artistes de sa génération tels que Alfred Sisley, Camille Pissarro et Auguste Renoir.

L'exposition présente également des recettes de couleurs, des échantillons de tissus et des livres de comptes, évoquant le Rouen industriel dans lequel évoluait Léon Monet. En créant un dialogue entre peintures, dessins, photographies et albums en couleur, l'exposition apporte un éclairage nouveau sur l'intimité de la famille Monet et sur le goût commun des frères pour la couleur. Alors que la chimie des colorants synthétiques révolutionne l'impression textile, l'exposition évoque largement le monde professionnel dans lequel Léon Monet a évolué et met en lumière la ville industrielle de Rouen et ses usines "indiennes". Le premier carnet de croquis de Claude Monet, daté de 1856, et le portrait de son frère Léon, exécuté par l'artiste en 1874, année de la première exposition impressionniste à Paris, sont ici présentés pour la première fois.

L'exposition bénéficie du soutien exceptionnel du musée d'Orsay, du musée Marmottan Monet et de l'Académie des beaux-arts de Paris.

Parmi les oeuvres exposées, le Paris de Renoir

Pierre-Auguste Renoir "Paris, l'Institut au Quai Malaquais” 1872 © Avec l'aimable autorisation du propriétaire du tableau

Le 24 mars 1875, à l'initiative d'Auguste Renoir, se tient à l'hôtel Drouot une vente de « Tableaux et aquarelles de Claude Monet, Berthe Morisot, A. Renoir et A. Sisley ». Comme première exposition du groupe des "intransigeants", bientôt appelé "impressionnistes» sous la plume du critique Louis Leroy dans Le Charivari, cette vente a également suscité les critiques les plus acerbes dans la presse de l'époque. Au cours de cette session, Léon Monet acquiert deux toiles de Renoir, dont Paris, l'Institut du Quai Malaquais. Seules les dimensions (38 x 46 cm) sont fausses, comme cela arrive souvent dans les catalogues des premières ventes aux enchères. Malgré le titre figurant au catalogue – Vue de Paris (Institut), figurant également au dos de la toile – Léon Monet, fidèle à ses habitudes de collectionneur, appose sur le châssis une étiquette indiquant : « Renoir – Le Pont des Pères SS. L'Institut. Collection Léon Monet ».

Évidemment, Renoir avait en tête les vues de Paris réalisées par ses aînés, les peintres Camille Corot ou Johan Barthold Jongkind. Avec Paris, l'Institut du Quai Malaquais s'inscrit donc dans la tradition, conservant des tons encore doux mais choisissant une peinture à la lumière puissante et au toucher libre qui se révèle résolument moderne. Renoir organise l'espace en différents plans et la profondeur est donnée par le subtil échelonnement des personnages qui, d'imposants au premier plan, deviennent de minuscules silhouettes sur le Pont des Saints-Pères. L'Institut à droite divise l'espace en deux zones, au premier plan le quai Malaquais, puis le quai de Conti dans son prolongement, caché par l'Institut. Sur l'autre rive, le clocher de Saint-Germain-l'Auxerrois, de construction récente (1861), se détache sur la blancheur éblouissante des nuages. Renoir traduit parfaitement l'activité foisonnante de Paris : là une femme élégante avec un petit chien, ici un monte-escalier, un vitrier ou un ramoneur, des domestiques, deux amis marchant et conversant côte à côte, ou encore ces promeneurs devant la libraires. Cette légèreté et cette petite touche sommaire se retrouvent dans une vue similaire, Le Quai Malaquais (1872), acquise par le collectionneur François Depeaux, sans doute après avoir découvert cette toile de Léon Monet.

Travail de couverture

Claude Monet
Intérieur ou Méditation ou Méditation. Mme Monet au canapé 1871
Paris, musée d'Orsay, jambes de Monsieur et Madame Raymond Koechlin, 1931
© Rmn – Grand Palais / Gérard Blo

Lors de la 23e Exposition municipale des Beaux-Arts de Rouen, Léon Monet a fourni plusieurs tableaux de sa collection, dont deux tableaux de son frère, Un canal en Hollande et Intérieur ou Méditation, qui représentent un « coin de […] canapé, [. ..] sur lequel tombe la lumière filtrée à travers un rideau de mousseline », selon le critique Georges Dubosc du Journal de Rouen. Après l'exposition Fleurs du printemps en 1864, une autre stratégie se dessine : choisir de présenter deux sujets consensuels, un paysage et une figure. Sous ce titre se cache une portrait de Camille Doncieux, modèle fétiche de l'artiste depuis 1865 et de sa femme depuis 1870. Le tableau a été réalisé dans l'appartement londonien où le jeune couple s'est réfugié après la guerre franco-prussienne. Ce portrait a eu divers titres. En mai 1871, il parut dans la section française de l'Exposition internationale de South Kensington sous les titres Repose, en anglais, et Méditation, en français. Lors de son exposition à Rouen en mars 1872, le tableau est rebaptisé Intérieur, peut-être par Léon Monet qui s'occupe de toutes les formalités pour son frère. Un an plus tard, le tableau est vendu à Paul Durand-Ruel au profit de Claude Monet, sous le titre La Lecture. On le retrouve dix ans plus tard dans le catalogue de la vente Chocquet, toujours sous le titre Méditation.
Au-delà du portrait de sa belle-sœur, ce qui a certainement touché Léon Monet, c'est le travail sur la toile du cadran solaire. Les fleurs rouges du tissu sont assorties au nœud que la jeune femme porte autour du cou et à la reliure de son livre. L'éventail japonais aux couleurs vives, posé sur la cheminée, rappelle la collection de Léon Monet, comprenant non seulement des tirages sur papier crépon mais aussi des éventails.

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