La politique industrielle revient à la mode. Loué dans les années 70 et 80, puis entré dans l'ombre, pour trouver un choc avec le plan Industrie 4.0 du ministre Carlo Calenda en 2016 sous le gouvernement Renzi, la politique industrielle est plus récemment revenue à la mode aux États-Unis avec le« Loi sur la réduction de l’inflation » visant à soutenir l’innovation technologique américaine, mais non sans implications protectionnistes. Pourquoi la politique industrielle revient-elle à la mode en Europe aussi et de quelle politique industrielle parlons-nous ? Une réponse vive, lors d'un récent séminaire organisé par Astrid, prononcé par l'ancien ministre de l'Économie et actuel président d'Unicredit, Carlo Padoan Pier, selon lequel « la politique industrielle revient sur le devant de la scène quand ça va mal ». En effet, les dernières données sur la production industrielle en Italie, en France et en Allemagne sont alarmantes. Mais l'Europe a déjà pensé à ouvrir les yeux Rapport Draghi sur la compétitivité européenne où il est enfin clairement dit que si nous voulons construire un avenir pour le Vieux Continent, nous ne pouvons pas regarder la réalité avec le rétroviseur mais nous devons affronter les défis d'époque des trois transitions avec d'énormes investissements (800 milliards par an) et surtout avec des réformes radicales. La compétition qui compte n'est plus celle entre l'Italie, la France et l'Allemagne mais celle entre l'Europe vis-à-vis de l'Amérique et de la Chine. Il est donc temps de changer d’horizon et de changer de boîte à outils.
« Pour un gouvernement qui aime le marché », un livre qui fait réfléchir de Claudio De Vincenti
Et c’est dans cette dimension que se situe le tout récent ouvrage de l’économiste et ancien ministre du Sud, Claudio de Vincenti, dont le titre dit tout : « Pour un gouvernement qui aime le marché. Une certaine idée de l’intervention publique», publié par le Mulino. Combinant son expérience d'érudit avec celle d'homme de gouvernement, De Vincenti démonte les anciens paradigmes de nature libérale ou interventionniste et dirigiste, et soutient qu'une politique économique moderne, dont peut également surgir une nouvelle politique industrielle, doit éviter deux erreurs : celle de croire que la main invisible du marché est autosuffisante mais, en même temps, celle de ceux qui croient que l'intervention publique dans l'économie peut se suffire à elle-même. Ce n'est pas le cas mais, au contraire, pour favoriser un climat de confiance qui est l'élément vital de l'économie moderne, nous devons éviter les vieux conflits idéologiques entre Pays e marché et trouver au contraire une relation dialectique et harmonieuse entre la main visible et invisible, sans compromis vers le bas. C'est dans ce contexte qu'apparaît la nécessité d'une nouvelle politique industrielle qui, cependant, précisément en raison de la dimension des défis d'époque rappelés par le rapport Draghi, ne nous condamne pas à une clôture purement nationale mais s'inscrit dans un horizon pleinement européen. . De Vincenti écrit avec sagesse que pour mettre en œuvre une nouvelle politique économique et une nouvelle politique industrielle, nous aurions besoin d'une vision claire de l'avenir : il a parfaitement raison, mais il vaut mieux ne pas se faire d'illusions et regarder la réalité italienne pour ce que c'est. Après le gouvernement Draghi, que nous regretterons longtemps, il n’y a eu que l’obscurité totale. Mieux vaut alors renverser la situation et changer les règles du jeu, en misant tout sur l’Europe sans cacher ses problèmes mais aussi son potentiel.
Une nouvelle politique européenne est possible et urgente si elle ne se termine pas par des querelles locales mais concentre ses ressources et son énergie dans le défi concurrentiel avec les Utiliser et avec Chine. Une politique industrielle européenne est un banc d'essai qui doit certes profiter de l'heureuse expérience de la Next Generation Eu mais aller bien plus loin, car il ne s'agit plus de collecter des ressources au niveau européen et de laisser aux mains le choix des projets à financer. les pays membres mais, au contraire, devrait être assigné au centre, c'est-à-dire à Commission européenne, ainsi que la sélection des domaines d'action et la mise en œuvre des interventions, en les concentrant sur ceux qui ont réellement la chance de concourir avec succès. L’industrie automobile européenne peut-elle encore être compétitive ? Peut-être oui, mais concernant l’intelligence artificielle par exemple, mieux vaut ne pas trop se faire d’illusions car nos retards sont quasiment insurmontables.
La nouvelle politique industrielle européenne implique le transfert de souveraineté nationale : un défi difficile mais pas impossible
Une politique industrielle européenne nouvelle et efficace implique visiblement un transfert de souveraineté national, mais qui saura un jour convaincre non seulement le Ligue de Matteo Salvini mais toute la droite italienne et européenne ? Personne. C'est une bataille perdue d'avance. Il existe pourtant un espoir de renverser le cours des choses et c'est celui évoqué par Riccardo Perissich au séminaire Astrid. Pour contrer les pressions souverainistes et nationalistes, il est nécessaire de développer un mouvement ascendant des entreprises qui oblige les gouvernements à comprendre que la survie dépend de la capacité à faire face, sans protectionnisme, à la concurrence américaine et chinoise et donc à ouvrir pleinement les portes au marché. Terrain de jeu européen. Un défi difficile ? Très difficile. Mais ne pas y faire face équivaut à se suicider et à abandonner d’emblée.