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France, retraites : clash total Macron-syndicats

Ce sont des jours de forte agitation en France : après celle du 31 décembre, les syndicats annoncent une nouvelle grève générale le 9 janvier. La raison en est la réforme des retraites, qui relève effectivement l'âge de la retraite.

France, retraites : clash total Macron-syndicats

Alors qu'en Italie on discute de la modification du Quota 100, une recette qui à bien des égards a été un flop, en France un clash très dur dure depuis des semaines sur les retraites, qui a relancé les manifestations dans les rues des gilets jaunes et littéralement mis sur le pied de guerre les syndicats, qui ont déjà organisé plusieurs grèves et en annoncent d'autres, jusqu'au bout. Pourtant, le président Emmanuel Macron est inflexible : la réforme du système de sécurité sociale était une priorité du programme gouvernemental et a déjà été repoussée depuis trop longtemps, dans une vaine tentative de trouver une médiation avec les forces sociales. Maintenant, le leader d'En Marche veut clore une affaire : il s'agit rationaliser un système qui compte 42 régimes spéciaux, en le remplaçant par un système à points uniques à partir de 2025, sans affecter les droits acquis des personnes nées avant 1975.

Un nouveau système qui en fait, grâce à des formules d'incitations et de dissuasions, l'âge de la retraite augmentera également, et c'est la principale raison du clash avec les syndicats : on passera des 62 ans actuels, qui font de la France le pays européen avec l'âge de la retraite le plus bas (et le troisième en termes de dépenses de retraite, après la Grèce et l'Italie, avec 14 % du PIB), à un seuil « d'équilibre » fixé à 64 ans. En clair, ceux qui veulent continuer à prendre leur retraite à 62 ans peuvent le faire, mais cela leur coûtera 5 % de moins en pension, pour chaque année de non-travail par rapport à 64 ans. D'où des allocations réduites, ou l'obligation de facto de rester plusieurs années au travail : même au-delà de 64 ans, pour ceux qui souhaitent accéder aux primes (+5% pour chaque année supplémentaire travaillée). Pour faire une comparaison rapide avec d'autres réalités européennes, en Allemagne l'âge de la retraite est de 65 ans et dans quelques années il passera à 67 ans, en Italie il est de 66 ans, en Espagne de 65 ans et 6 mois, en Suède de 61 ans ils peuvent devenir 65.

Ensuite, il y a toute la question des régimes spéciaux. Le but de la réforme est de simplifier le système, mais le fait est que beaucoup de fonds ont leur propre sens précis : si en fait on pouvait discuter pourquoi les cheminots partent à la retraite à 50 ans (et les employés du métro parisien à 55 ans), cela rend parfait sens que les danseurs d'opéra pourraient se retirer d'une profession qui nécessite une forme physique maximale à 42 ans, comme prévu actuellement. Les négociations sont entre les mains du Premier ministre Edouard Philippe, qui, pressé par Macron, demande aux syndicats un "compromis rapide". En réponse, une autre grève générale a déjà été déclenchée le 9 janvier. La nouvelle, c'est que malgré les très forts désagréments de ces dernières semaines, entre grèves et manifestations, les Français sont avec les manifestants : 51% soutiennent les manifestations. L'autre nouvelle est que le taux de participation aux manifestations est en forte baisse : au 31 décembre, seuls 7 % des cheminots (mais 35 % des conducteurs de trains) se sont abstenus de travailler.

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